chrissette
Nombre de messages : 140 Age : 60 Localisation : Au coeur de la campagne creusoise Date d'inscription : 17/08/2006
| Sujet: Petites merveilles. Mar 27 Mar - 10:16 | |
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Petites merveilles.
Les toits, en millefeuille, s’étendaient à perte de vue, Fumant, suant, soutenant l’horizon bas. Frôlant ces couvercles bariolés, passait parfois le bras D’une immense grue rouillée, tournoyant sur sa rue.
Une usine grise clignotait au loin, discrète, Propre à se dissimuler en son mensonge brumeux Comme honteuse d’accomplir sa tâche secrète. Elle vomissait, sous la terre, un poison crémeux.
Je naviguais non loin de l'embarcadère nord Dans l'eau croupie de ton lac imaginaire La passerelle de mes souvenirs en mer Se levait sur les jours gris d'un vieux journal de bord.
Je lâchais tous mes sanglots sur le chemin de halage Tu amarras mes cordes, m’enfonças comme un pieu Au bout de tes doigts où couraient des noeuds Le travail te fit oublier ton âge.
Petit garçon, tu aurais aimé jouer Mais tu ne pouvais pas, La suie dessinait sur tes joues creusées Des nuages de lait et des oursons en chocolat.
Seul, m’éloignant du port et de son mirage Je te laissai là-bas, assise au milieu d’une flaque Les entrailles d’un poisson mort donnaient à ton visage Un air de fête, de ceux qui montent du cloaque
Quand les fées ombrées et grasses de la nuit Raclent leur gorge rauque et leurs poumons noirs Avant de se mouvoir pathétiques vers le tombeau de leur lit. Seul, j’entraînai ma honteuse joie vers l’ogre d’un soir.
Grisée par les vapeurs auréolant ma tête Prise dans les mâchoires de l'étau Je voyais ma vie couronnée d'épines et d'arêtes Dans ce miroir que me tendait ton eau.
J'ajustai timidement le bout de chair qui me servait de jupon Les écailles cousues par tes soins, des paillettes au bout de ta main. Tu avais maquillé mes yeux de poussière de paillasson, De poudre blanche, la lisière de mes lèvres carmin.
Un soufflet d'accordéon m'envoya une bouffée d'air d'antan Je m'époumonai à siffloter pour me tenir éveillée Serrant les poings, détricotant le temps, Passant entre mes ongles, une à une, chaque maille du filet.
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