isolement.......un peu pour Phil

Dans quel pays mystérieux as-tu trouvé refuge?
Je voudrais que tu me prennes la main
Pour le visiter et me montrer le chemin.
Il doit être séduisant puisque tu en es le transfuge.

Ton visage nimbé de profonde candeur
Est auréolé d'une bienveillance abstraite.
Devenue forteresse inviolable, hermétique, muette
Pourtant, parfois un instant, ton regard retrouve lueur.

Il s'éclaire.Tu me regardes surprise
Comme si tu me redécouvrais. Ta main décharnée
Diaphane, se pose sur la mienne, étonnée.
Je te sens fragile, une lumière intérieure t'irise


Tes mots s'entrechoquent. Les phrases commencées, inédites
S'évanouissent avant de prendre signification.
Alors comme un clin d'oeil, une démystification
Tu retournes dans tes pensées qui me sont interdites.

Automate, pourtant d'intelligence doué
Tu déambules sans présent, murée dans ce passé lointain
Curieux décalage qui m'éloigne de toi comme une vis sans fin.
Comment te rejoindre, tes fantômes les exorciser?

Ta démarche hésitante, tes tremblements ne te ressemblent guère.
Seul ton sourire nostalgique parfois est celui de ma mère.
Alors je l'emporte précieusement avec moi, et je pleure, amère
De ne savoir comment combattre cette maladie meurtrière.

26.09.2007

Maman est décédée brutalement. Elle m'a toujours reconnue. Elle m'a fait ce cadeau inestimable de disparaitre avant la totale déchéance.

Qu'il doit être cruel de voir celle qui nous a donné la vie, s'enfoncer dans ce déclin de la mémoire...
Un beau texte Denise, écrit avec les mots de l'amour.

Je t'embrasse.

merci Domie.
Je ne pensais pouvoir écrire sur la fin de maman. Néanmoins ce ne fut pas difficile...elle est si présente!
J'étais très liée avec elle. C'était aussi avant sa maladie très conflictuel, elle avait un caractère fort, la vie l'avait malmenée.
C'est terrible de mettre sa maman dans une institution. On l'abandonne, on la délaisse, on vend sa maison en cachette....
Et puis, on ne comprend pas . La personne atteinte devient une autre, une étrangère presque...
merci Domie
bien à toi
denise

je vous trouve bien courageuse d'écrire ainsi le déclin de votre maman,
moi je ne pourrais pas,
j'évoquerais les années ou elle était sereine,
voir maman déprimée m'a aussi fait mal,
je l'ai aussi vu dans des crises passagères, crises de nerfs, et mon père qui l'avait sans doute poussé à bout, était là pour lui mettre un gant d'eau fraiche sur la nuque,
mais je me souviens d'une fois ou elle disait qu'elle ne voulait pas aller à l'asile, moi j'y étais allé et je comprenais un peu ce qu'elle voulait dire,
son grand père maternel y était allé aussi dans le passé et elle ne m'en avait jamais parlé...
voir la souffrance des autres est terrible, quand on est habitué à les voir en bonne santé...
moi même j'ai toujours été plus ou moins malade, alors ma mère s'est habitué à cette image, mais moi je n'ai que rarement vu mes proches malades et c'est ma grande chance...
que ça doit être dur à vivre de voir les gens qu'on aime souffrir, on est impuissant, on voudrait les aider, mais on sait qu'on ne peut rien faire...
j'aime ma famille, c'est un peu mon coeur, je lui en ai voulu de mes souffrances , bien malgré moi, car au fond de moi je l'ai toujours aimé..

la souffrance morale est très dure à vivre, je sais de quoi je parle...

merci mamy pour votre témoignage ...

xavier

Moi c'est ma grand mère qui est morte... ou plutot qui a décidé d'arrêter de vivre dans un état végétatif.
C'est vrai que c'est dur voir l'être que l'on aime se dissoudre dans l'immobilité, n'être plus reconnu au long de ses visites... quettant un regard de lucidité, qui nous fait à nouveau exister à ses yeux.
C'est une de mes peurs... ne plus exister en tant qu'humain, n'être qu'un corps à la merci de tout... ne plus pouvoir décider de moi-même... subir la vie !!

merci pour ce partage mamie denise... et ce trop plein de larmes enfouies colorée en vers...