L'envers des rimes
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 Le Guêpier de l'orgueil...

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2 participants
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Cypris




Nombre de messages : 8
Localisation : Nevers (58)
Date d'inscription : 27/09/2005

Le Guêpier de l'orgueil... Empty
MessageSujet: Le Guêpier de l'orgueil...   Le Guêpier de l'orgueil... Icon_minitimeMar 27 Sep - 14:31

Par un temps frais, le long des fougères bordant la route, une voiture circulait à vive allure. Le ciel se faisait plus sombre. Les phares prenaient peu à peu le relais et illuminaient au loin le paysage printanier. Plus le temps passait et plus les autres voitures se faisaient rares. On ne distinguait plus qu’un véhicule, rompant la monotonie de la campagne endormie. Les deux occupants souhaitaient arriver à destination le plus rapidement possible, avant nuit noire.

Le passager, Stan, regardait la poussière du tableau de bord. Il tentait de distinguer des formes dans le paysage malgré les immenses tâches de buée collées au pare-brise. A sa gauche, son chef de service, Monsieur Gray. Tous deux revenaient d'une formation sur le passage à l'an deux mille des systèmes automatisés. Le chef bougonna quelques mots. Il critiquait sans cesse les prestations de l'animateur du stage. Pourtant, il it son sujet. Le chef continuait à abaisser les autres participants à cette formation. Stan n'en pouvait plus. Il serra ses lèvres entre ses dents, sans répondre aux sauts d'orgueil de son voisin.

Stan regardait sa montre avec angoisse. Il était déjà tard et il devait prendre son fils Roman chez la nourrice ce soir. Arriver sur le lieu de travail pour prendre son véhicule et passer chez elle lui prendrait trop de temps. C'est qu'elle est pointilleuse, la nourrice ! Elle ne souhaite pas déborder d'une minute. Il faut la comprendre : elle aussi a une vie de famille. Pendant ce temps, Monsieur Gray continuait de discuter, sans se rendre compte du peu d'attention accordée par son passager.

Stan imaginait arriver en retard. L'angoisse le gagnait. Dans sa tête, il commençait à préparer la course poursuite avec sa voiture. Comme pour gagner du temps, il commençait à enfiler son blouson… Monsieur Gray le résonna : Mais… nous ne sommes pas encore arrivés ! Stan réalisait des gestes lents, comme pour se détendre. D’abord la manche droite, puis la manche gauche, puis la fermeture-éclair. Une fois le blouson attaché, Stan s’enfonça dans le siège comme par soulagement, avec un sourire détendu, victorieux sur le temps ! Monsieur Gray continuait son monologue. Puis, Stan ouvrit la bouche afin de lui expliquer combien il serait en retard. Mais Monsieur Gray attaqua sur un autre sujet de conversation : Bizarre, votre blouson noir et jaune, rigolait-il.

Monsieur Gray reprit son calme et barbota quelques mots. Stan commençait son explication :

- Je suis désolé, Monsieur, mais je dois vous demander une faveur. Nous arriverons un peu en retard, manifestement. Vous serait-il possible de m'accorder un petit détour pour me déposer directement chez la nourrice ?

En effet, Stan n'habitait pas très loin et pourrait rentrer ensuite à pied. Il suffirait que sa femme le dépose au travail le lendemain matin et le tour serait joué !

Mais Monsieur Gray refusa Oh ! Ce n'est pas bien pressé, je pense. La nourrice comprendra qu'exceptionnellement vous étiez en formation. Ce n'est pas tous les jours qu'on a en charge la réussite des systèmes à puces électroniques de toute l'entreprise. Ah ah ah !

Stan ne sut pas quoi répondre. Il regardait son blouson. Nerveux, il comptait les rayures de bas en haut : une noire, une jaune, une noire, une jaune…

Le silence revenu dans le véhicule, Stan reprit son explication :

- Je n'ai jamais été en retard. Roman connaît bien l'heure à laquelle j'arrive habituellement. Il sera déçu, anxieux. Il pleurnichera !
- Ah… ah… ah…, répondait Monsieur Gray. Ne pensez-vous pas qu'il faut aussi qu'il apprenne à se débarrasser très tôt de certaines manières ? Nous ne tarderons pas à arriver à notre lieu de travail. Avec un peu de chance, le directeur sera encore présent à cette heure. Je lui ferai un rapport complet.

Puis il partit dans des explications sur ce que j'ai compris…, ce que je vais lui dire et ce qu'il pensera de notre service…

Stan comprit que rien ne pourrait y faire. Nerveusement, il enroulait les rayures basses de son blouson. Puis il le déroulait. Puis il le roulait. Il fit cela plusieurs fois, jouant avec ses rayures jaunes puis les noires. Il angoissait à l'idée de trouver Roman en pleurs, la nourrice en colère due au retard à la maison. Sa femme allait ainsi se faire du souci.

C'était trop cette fois. Stan en avait assez de se taire. Tant à dire. Il décida de lancer ses remarques à Monsieur Gray. Il ouvra la bouche mais… Nous sommes arrivés, sourit Monsieur Gray. Il en avait fallu de peu pour que Stan ne commette l'irréparable.

Stan sortit de la voiture et salua son supérieur hiérarchique. Il prit le volant de la sienne et commença sa folle cavale. Il aurait peut-être pu lui casser la figure ? Il imaginait son chef dans toutes souffrances… Stan aussi connaissait la peine. Depuis tant d'années ! Au service de ce "chefaillon" pensait-il, en rage, alors qu’il pressait la pédale d’accélérateur. Cette souffrance, celle de ce soir, est de trop. Il tapait sur son volant, les yeux larmoyants.

Il repensait soudain à Roman, et la joie de le retrouver… Mais ensuite prenait place l’angoisse des tensions, des éventuelles disputes échangées au sujet de son retard. Ah ! Le travail… ton travail… imaginait-il, ces mots sortant de la bouche de son épouse.

Monsieur Gray, ne trouvait pas le Directeur. Il reprit le véhicule de service. Retour par de petites routes avant de rejoindre la départementale. Peu de voitures. Trop chaud. Il ouvrit la fenêtre latérale pour laisser passer un filet d'air.

A chaque ligne droite, à chaque virage, Stan prenait des risques. Il décida de se calmer. Il vaut mieux arriver en retard que ne jamais arriver. Cette pensée le rassura.

Monsieur Gray prenait son temps. Sa femme l'attendra. Ses enfants sont déjà couchés. Peu importe ! C'est cela, la carrière ! Il faut savoir réaliser des sacrifices. Ils comprendront, un jour, pourquoi leur père n'était jamais disponible.

Stan entra au village. Il s'arrêta devant la maison de la nourrice. Une demi-heure de retard ! Le plus dur l'attendait ! Il fit mine d'être détendu et repassait le scénario qu'il avait préparé dans sa tête : Bonjour ! Ah… vous savez… le travail ! Tout s’est bien passé ? Il plaça ses mains à l'intérieur des poches de son bizarre blouson, à rayures noires et jaunes. Mais ne pensons plus à cet imbécile. Stan sonna à la porte…

La chaleur dans la voiture poussa Monsieur Gray à baisser sa vitre latérale. Un peu de vent… doux… frais… il humait avec plaisir l’odeur tranquillisante de la nature environnante. Il repensait à ce pauvre Stan. Un pauvre subordonné qui restera toujours à ce poste-là, souriait-il. Heureusement qu’il en existe comme lui ! Si tout le monde était brillant, il n’y aurait que des chefs ! Cette pensée le faisait rire. Monsieur Gray reprit un air sérieux. Il repassait dans sa tête le film de la formation, planifiait ses actions et s’imaginait déjà dans le bureau du Directeur, comblé de félicitations ! Sacré Stan ! Dire qu’il ne connaîtra jamais la gloire… et il se remit à rire, satisfait d’être dans sa peau plutôt que dans celle de son subordonné.

La température intérieure était idéale. Monsieur Gray remontait la fenêtre quand… Une guêpe pénétra. L'insecte vola de droite, de gauche, devant, derrière. Il était allergique. Une seule piqûre suffisait… Il s'affola. Un coup de volant… quelques tonneaux. Une rangée de buisson stoppa le véhicule. Ouf ! Je l'ai échappé belle

La guêpe se posa sur son nez. Monsieur Gray n'osait plus bouger. Paralysé de frayeur, par un insecte… Le dard… Il hurla. Elle le piqua. Plus rien à faire. Il allait mourir…

Ses yeux se fixèrent sur le corps de l'animal : une rayure noire, une jaune… une rayure noire, une jaune… une rayure noire, une jaune… une rayure noire, une jaune… une rayure noire, une jaune…

Cypris.
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Date d'inscription : 20/09/2005

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MessageSujet: la Guèpe   Le Guêpier de l'orgueil... Icon_minitimeMer 28 Sep - 4:59

Une fable ? Merci de partager tes écrits.
Amicalement
Natacha
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