L'éclipse

C'était en plein midi,
L'homme marchait tranquille,
Quand le ciel s'obscurcit
Brusquement sur la ville.
Dans le miroir brisé
Où dormait la lumière,
Surgit le noir reflet
D'une lune sorcière.

Sur de sombres chevaux
Les dieux du crépuscule,
Forts d'un même galop,
Défièrent les pendules.
Furtive la nuit vint,
Jouant les allumeuses
En souliers de satin
Par les rues ténébreuses.

Et l'homme tint conseil
Craignant quelque menace,
Tandis que le soleil
Déchu, perdait la face.
Rose noire éclatée,
Cerclée d'imaginaire,
La lune vint danser
Au bras d'un réverbère ...

Le silence occulta
Tous les bruits à la ronde
Promenant sur les toits
Un air de fin du monde.
Même l'oiseau se tut
Là-bas dans la clairière
Et l'homme se vit nu,
Investi d'éphémère.

Quand la nuit disparut
Au fond de sa tanière,
S'éleva vers les nues
Un hymne à la lumière.
Alors sur son trois-mâts
La lune mit les voiles
Et l'homme s'éclipsa
Un pied dans les étoiles .

Robyn.

Très belle description d'une éclipse, Robyn, avec beaucoup de rythme servant bien les images. Je retiendrai particulièrement la chute du poème, pour la métaphore et l'envie de voyager qu'elle procure :
"Alors sur son trois-mâts
La lune mit les voiles
Et l'homme s'éclipsa
Un pied dans les étoiles ."