Mondes parallèles (pour Didier)

Mondes parallèles

Alors que je crachais mille feux pour vous plaire,
Vous rêviez au-dessus d’une banquise nue.
Mon flambeau, poursuivant votre course ingénue,
S’éteignit, peu à peu, dans cette nuit polaire.

Si lointaine pourtant de mon cycle solaire,
Votre courbe, tordant son orbite inconnue
Jusqu’à moi, libéra mon âme contenue
De l’anneau qui tournait en sa ronde lunaire.

Partout vous êtes là, mais partout je vous cherche.
Amour, voyez mon coeur en berne sur sa perche
Et le noir de ce jour qui m’étreint en ses plis !

Mais il est, nous dit-on, des étoiles anciennes
Mortes depuis mille ans, transportant leurs antiennes
Jusqu’aux lointains contours de nos terres d’oublis.

Rodes

Bonjour Ami,
Encore un qui fait rêver à ce monde inconnu... un jour je pense le voile se dissipera et l'homme verra un peu plus loin que le bout de son nez, il commence
d'ailleurs à regarder mais des siecles d'obscurantismes pèsent lourds....
Merci pour ce poème qui m'emporte au-delà...
toute mon affection
Natacha

Jérôme,

Indéniablement, c'est l'un de tes plus réussis, aboutis, selon bien sur, mes critères.

Tu es de la famille des "musiciens", par opposition (en quelque sorte), à celle des "imagiers" : le rythme, la scansion, les assonances, contre-assonances, allitérations, voire les harmoniques vocaliques sont des vibrations que tu captes (ou captures!) sur des portées de douze mètres...

Les quatre vers qui suivent sont absolument superbes, formant une finale de toute beauté :

Et le noir de ce jour qui m’étreint en ses plis ! (3/3/3/3) toutes les allitérations en R ont le bon gout d'être aussi des syllabes accentuées.

Mais il est, nous dit-on, des étoiles anciennes
Mortes depuis mille ans, transportant leurs antiennes
Jusqu’aux lointains contours de nos terres d’oublis.

Les plis du jour éteint flottaient au fil des moires...

Je commets ce vers inspiré par ces jeux de lumière qui souvent accompagnent tes écrits et te ressemblent tant !

Radieux parfois, comme un Verlaine, et sombre, sombre, tel un Leconte de Lisle !


Didier

Bonjour Natacha...

Encore un qui fait rêver à ce monde inconnu... un jour je pense le voile se dissipera et l'homme verra un peu plus loin que le bout de son nez, il commenced'ailleurs à regarder mais des siecles d'obscurantismes pèsent lourds....

Nous ne serons plus là pour le voir, je le crains. Finalement, le bonheur c'est peut-être de se sentir moins seul dans sa détresse, de savoir que d'autres comprirent aussi la vanité de toute chose, ici-bas. Il ne s'agit pas d'organiser un suicide collectif, mais plutôt de montrer grande passivité, indifférence, devant l'impitoyable ironie du destin. Fais de ta terreur une amie, elle n'en sera que plus déroutée.

Rodes

Bonjour Didier...

Citation :

Tu es de la famille des "musiciens", par opposition (en quelque sorte), à celle des "imagiers" : le rythme, la scansion, les assonances, contre-assonances, allitérations, voire les harmoniques vocaliques sont des vibrations que tu captes (ou captures!) sur des portées de douze mètres...

C'est vrai, j'écris à l'oreille et me sers volontiers, plus ou moins consciemment, du choc des mots et des lettres, de leur complémentarité musicale. Pour la prosodie, je dois beaucoup à Cécile qui me permit de peaufiner ma technique en la matière. Il fut pénible de constater, à l'époque , qu'aucun de mes nombreux poèmes ne répondait aux critères stricts de la poésie classique. Cela force l'humilité et l 'on doit tout reprendre à zéro.

Bonne journée

Rodes