J’étais derrière la Lune quand vous êtes apparus,
Boules de poil bien cachées dans les arbres,
À fuir les lions furieux aux longues dents de sabres,
À rêver d’un autre temps où vous seriez nus…
J’étais là sous les étoiles à épier la planète,
Je scrutais les océans verts, les grands volcans de feu,
J’apprenais tous vos cris, ceux plus doux de vos têtes,
Quand, vous tourniez, plein d’effroi, vers moi vos yeux…
Prés des cratères, dans la poussière, j’étais blotti,
Je déviais parfois la course d’une comète errante,
Tueuse insensible, innocente de sa courbe lente,
Souvent pour vous, comme un père, j’ai frémi…
Le Soleil a fait bien des tours de cette Voie Lactée
Où vous alliez parfois perdre vos rêves bleutés,
Vous commenciez, allez savoir pourquoi, à vous dresser,
Et quittant vos forêts millénaires, vous avez marché…
Loin, de plus en plus loin, dévorant autour de vous,
Tous vos semblables plus faibles, et puis plus grands,
Traçant sur le sentier de vos pas, un sentier roux,
De sang coulé, de feux brandis, de coups puissants…
Je suivais tout cela et bien trop mal, assis dans la lumière,
Qu’aurais-je vu dans vos gestes pour moi alors inconnus ?
Qu’aurais-je dû comprendre du profond de vos prières
Quand vous cherchiez à savoir, et avoir toujours plus…?
Vous pesiez fort sur votre monde par votre présence,
Vous étiez des milliards et si peu réfléchis,
Asservis par l’orgueil, par votre suffisance,
Je ressentais pour vous presque du mépris…
J’étais derrière la Lune quand vous avez fondu en larmes,
Quand le bleu de votre ciel est devenu rosé,
Rouge et noirci, écorché par le feu de vos armes,
Quand des Soleils brillants sur vous se sont posés…
Bien sûr, je ne vous ai rien appris, j’ai regardé seulement,
Seulement attristé par vos efforts à vouloir me prier,
Et j’ai parfois tourné le dos à vos cruels errements,
Préférant le piquant des étoiles de l’Univers glacé….
Avais-je donc erré tant dans ces espaces obscurs
Entre les astres, qui s’étendent, incommensurables,
Y avait-il tant de lassitude dans mon voyage interminable
Pour m’attacher ainsi à vous, si fragiles et si durs…
Avais-je des raisons à poursuivre cette lunaire attente,
D’autres rendez-vous plus sages à moi se proposer,
D’autres écrins bleus, d’autres océans, des terres géantes,
Déjà mes yeux recherchaient des galaxies dorées….
Solitaire sur ce caillou blanc où je m’étais posé,
Où j’aimais tant méditer sur mes pas et mon devenir,
Était-ce par distraction que je vous voyais grandir,
Ou parce qu’une main divine me l’avait imposé ?
J’étais là derrière la Lune, à souffler des particules,
À diriger vos âmes de mon cri silencieux,
Certains d’entre vous parfois me glissaient la formule
Pour qu’auprès de vous, encore, je demeure un peu :
Des mots jetés en l’air dans le brûlant d‘un été,
Des musiques envoûtantes qui venaient jusqu’à moi,
Le rire de vos petits roulants dans les herbes mouillées,
Le regard détaché de ceux qui ont perdu la foi…
extrait de mon nouveau recueil " La Vie en nous" disponible sur Thebookedition.com. Si vous avez aimé ce poème, faites moi l'amitié de lire le recueil. Ce livre est dédié à tous mes lecteurs de" l'envers des rimes". Merci à tous