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 Pendant la guerre

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2 participants
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Natacha Péneau

Natacha Péneau


Nombre de messages : 1684
Date d'inscription : 26/09/2005

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MessageSujet: Pendant la guerre   Pendant la guerre Icon_minitimeDim 27 Nov - 8:42


Pendant la guerre...

C’était un diner comme les autres, ma mère, mon beau père et moi, maman radieuse nous dit :
« Je viens de signer un contrat pour aller travailler en Allemagne. »
Je lève les yeux les yeux de mon assiette pensant avoir mal compris :
« Comment ? »
« Oui, à Munich , répond-elle , j’y ai fait mes études de peinture, j’avais beaucoup d’amies. »
« Et moi ? »
Ma mère continue à parler sans faire attention à mon interruption, ni à son compagnon qui ne dit pas un mot.
« Une de mes amies m’a écrit de venir, elle sera très heureuse de me revoir ! J’ai eu de la chance il y avait une place dans une usine de chimie près de Munich, j’ai signé aussitôt.
Je pars dans un mois et demi. »
« et moi ? » dis-je les yeux brillants entre la colère et les larmes...
« Tu vas rester avec oncle Vassia, (mon beau père) et vous viendrez me rejoindre dès que
ce sera possible. »
Le silence tombe comme une chape de plomb ! Pourquoi ne dit-il rien ? Il doit être au courant des projets de ma mère.
Jamais je ne resterai avec lui qui m’avait agressée, jetée sur le lit, frappée... quelques semaines auparavant... Je m’étais tue, car il m’avait menacée de s’en prendre à ma mère.... Depuis il me surveille étroitement.
« Combien de temps faudra-t-il attendre avant de te rejoindre? » ai-je demandé à maman.
« Entre trois et six mois...tu verras comme le temps passe vite ! »

Maintenant il va falloir réfléchir, je ne veux pas rester avec ce monstre, comment préserver ma mère ?
Je demande la permission d’aller dans ma chambre pour lire un peu avant de me coucher.
« Oui, oui bien sur ! »
Finalement ils sont contents de se débarrasser de moi... et se mettent à parler à voix basse.
Nous vivons dans deux pièces mansardées de la banlieue parisienne, mon lit : un matelas posé sur deux malles, est séparé du reste de la chambre par un lourd rideau ; je me sens désemparée !. Que faire ? Et puis le voile se déchire tout s’éclaircit. Je vais dés demain parler à maman, elle comprendra qu’il est impossible de me laisser seule avec l’oncle Vassia.
Elle trouvera la solution pour qu’il ne lui fasse pas de mal...et à moi non plus. .
Rassurée par la décision que je venais de prendre je finis par m’endormir.

Le lendemain, je n'arrive toujours pas à être seule avec ma mère, il se méfie m’observe de ses yeux noirs, son regard dur me terrorise, c'est probablement, le but qu’il recherchait..
Je finis par murmurer à maman que j'ai besoin de lui parler seule à seule ...fin d’après midi toujours rien. Tout à coup maman crie ; « Oh, je n’ai plus de timbres ! Nat, veux tu aller à la poste m’en chercher un carnet, s’il te plait ? »
« Bien sur, » je commence à dévaler l’escalier quand j'entends: « Je vais sortir avec ma petite fille, car bientôt je ne la verrai plus. » Mon cœur se serre... va-t-il la laisser sortir ?
Et s’il avait deviné ?
Si maman n’apparaît pas dans trois secondes je remonte pour la défendre.
J’entends presqu’aussitôt le pas de ma mère, je cours jusqu’au portail pour le lui ouvrir, enfin nous sommes toutes les deux, je vais pouvoir me confier, tout ira bien !

« Maman ! »
« Attends, me dit elle, d’être sure qu’il ne nous suit pas. »
J’attends jusqu’au tournant de notre rue, puis la voix tremblante de sanglots refoulés
Je raconte avec mes mots d’enfants de neuf ans l’agression, le viol, le sang, les menaces.
Maman ne dit disait rien, elle murmure « j’aurais du m’en douter ! »
Devant son silence je supplie : « tu ne vas pas me laisser avec lui ? »
Mutisme angoissant...
« Non, tu ne peux pas me laisser avec lui ! Prends-moi avec toi, je serai sage. La plus sage du monde. Maman, ne me laisse pas ! »
Au bout d’un long temps maman me dit, « je trouverai une solution, mais je ne pourrai pas te prendre avec moi, les papiers, le contrat de deux ans, l’usine, la guerre ...»
Je n'entends qu’une chose « je ne pourrai pas te prendre... » et « je trouverai une solution »
« Maintenant tu ne dis rien à personne, tu me laisses agir et surtout à la maison tu fais comme si de rien n’était. Tu as compris ? »
« Oui. » j'ai l’impression qu’un grand poids m’est enlevé de la poitrine. Tout va s’arranger.
En rentrant à la maison je vais pouvoir faire un grand tour de patins à roulettes avant d’aider à préparer le diner.
L’oncle Vassia a le visage calme, maman blague, tout va pour le mieux...je n'ai plus qu’ à attendre tranquillement la suite des événements.
Les jours passent, une valise arrive dans la maison...je ne vois plus qu’elle... symbole du départ imminent du départ de ma mère.
« Maman, mais quand pars tu ? »
« Oh, dans quelques jours » ...
« Et moi ? » demandé-je d’une voix tendue.
« Il n’y a rien de changé » me répondit-elle.
Le monde s'écroule autour de moi, l’oncle Vassia me regarde d’un air malicieux, celui du gagnant !
Que puis-je faire ? que vais-je faire ? en deux semaines plus le temps d’échafauder des plans
sur la comète....
Ma grand-mère ! ma dernière planche de salut, je l’avais quittée pour vivre avec maman, m'a-t-elle pardonnée ?
Je ne le crois pas, mais elle est la seule au monde qui puisse m’aider.
Demain je prendrai un ticket de métro dans le porte monnaie de maman et j’irai ...
Si j’en parle avant, je suis sure que l’oncle Vassia se doutera de quelque chose et m’empêchera de sortir.

J’ai réussi à m’enfuir, me voici devant la porte de mon enfance, je sonne...Grand mère m’ouvre « Ah c’est toi, tu viens voir ton papa ? »
« Non, j’ai besoin de te parler à toi. »
« C’est nouveau ! » me dit-elle. ça commence mal. « je vais aux bains-douches, accompagne moi si tu veux me parler.»
Nous sortons en silence, « Eh bien, que veux tu ? »
« Maman part en Allemagne la semaine prochaine... »
« Rien ne m’étonnera de sa part. »
« Elle veut me laisser avec l’oncle Vassia »
« Logique ! »
« Je ne peux pas, je ne veux pas.... je t’en prie fait quelque chose...je ne peux vraiment pas rester avec lui »
« Et pourquoi, je te prie ? »
« Parce que : il a fait des choses pas bien »
« Par exemple »
« Comme pour faire des enfants, » murmuré-je en rougissant
« Quoi ? » et les questions se suivent les unes derrières les autres, si maman ne m’en a pas posé, grand-mère en pose pour dix....
Je m’embrouille, bafouille, j’ai honte, je me sens coupable. Je voudrais être une petite souris et surtout ne pas avoir entrepris cette conversation avec grand-mère.

Tout à coup elle fait demi-tour. « Viens nous rentrons à la maison ! »
Je la suis en silence. Arrivée dans l’appartement
« Va dans ta chambre, me dit elle, je dois parler à ton père. Tu resteras chez nous quelques jours en attendant que je prenne une décision. »
Le soir je me retrouve au diner avec grand père et papa , mes oncles étaient absents l’un prisonnier en Allemagne, l’autre en zone libre se cachant dans une ferme.
L’atmosphère est lourde, grand-mère finit par dire :
« Nous avons prévenue ta mère que tu étais là. Ton père a rendez vous avec elle demain.
Si elle est d’accord avec mes conditions, tu pourras rester chez nous.
La première condition et en faite la seule est que tu ne revois plus jamais ta mère. Si elle veut de tes nouvelles elle en aura par moi .Ni lettres, ni visites ...Tu as entendu ? tu dois jurer que tu acceptes. »
La cruauté de ma grand-mère me bouleverse ...comment peut -elle me demander ça ?

Je suis prête à jurer n’importe quoi pourvu que je ne reste pas avec ‘l’oncle Vassia’... ce sera
un parjure, maman me pardonnera... à ce moment, je déteste ma grand-mère
Mais ...je jure devant l’icône.

Le lendemain je vais avec mon père dans un café dire adieu à maman.
C’est un déchirement sans nom, je me blottis contre elle, lui demandant pardon, jamais je ne l’abandonnerai, je viendrai la voir dès qu’elle reviendra d’Allemagne.
Elle me console en me donnant un petit collier bleu : « le soir avant de t’endormir tu le prendras dans tes mains et je serai près de toi, nos deux cœurs seront toujours dans ce collier ni ta grand mère ni personne ne pourront nous séparer ! »
J'y crois...dur comme fer !
Je sors du café avec papa, l’œil sec rempli de rage contre ma grand-mère....

C’est dans cet esprit que je regagne ma chambre d’enfant chez celle qui m'a tant donné et que je suis prête à haïr.

Maman partit quelques jours après. Je ne l’ai pas revue avant son départ.
Tous les soirs avant de m’endormir je serrais très fort le collier bleu dans mon poing.
Je me sentais misérable, coupable d’avoir abandonné ma mère !

Natacha Péneau

26.11.11




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Alona

Alona


Nombre de messages : 55
Date d'inscription : 08/11/2007

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MessageSujet: Re: Pendant la guerre   Pendant la guerre Icon_minitimeMer 14 Déc - 21:07

Situation très pénible ! Crying or Very sad
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