Grimaud
Yves n’a pas pu nous accompagner à Grimaud où il avait loué une maison avec l’aide de Silla Shelton avec qui il était en tournée. Sur la place du village des maisons anciennes typiques du sud de la France, pittoresques à souhait
Yves venait d’être engagé pour la saison prochaine par une troupe de théâtre fixe.
C’était une aubaine pour tout acteur d’avoir un chèque tous les fins de mois. Ce qui ne l’empêchait pas de pratiquer son métier par ailleurs dans la journée.
Je suis donc partie seule avec les trois enfants à Grimaud. La voiture était chargée à bloc pour deux mois de location. Ce voyage fut interminable ...Parties à six heures du matin nous sommes arrivées à plus de minuit. Obligée de réveiller notre propriétaire une vieille dame adorable mais pas du tout contente de se lever pour nous donner les clés et faire visiter la maison.
Tania choisit d’office la chambre du haut qui comprenait une grande terrasse.
Je pris celle supposée être pour un couple et les garçons se partagèrent le reste. Nous étions morts de faim et de soif. N’ayant pris qu’un sandwich sur la route...Après minuit difficile de trouver quelque chose d’ouvert ? Tania et Vlad partirent explorer le village déjà endormi pendant que je déballais nos affaires avec l’aide de Yann.
Les deux grands sont revenus avec des Chips et des cacahouètes achetées dans un bar-tabac qui s’apprêtait à fermer. Les enfants n’en firent qu’une bouchée. Ce qui leur rendit leur bonne humeur !
En Juillet Tania avait invité une amie pour quinze jours pour ne pas s’ennuyer.
J’ai eu des amies russes qui sont venues à quatre s’installer chez nous. C’était très gaie Vlad avait reçu pour son anniversaire un canoë gonflable tous on fait la galipette dans l’eau. La mer n’était qu’à une dizaine de kilomètre...Je faisais la navette en voiture tous les jours
Une amie concertiste passa avec sa maman. La maison ne désemplissait pas.
Ce mois de juillet fut mouvementé et fila à une vitesse supersonique. Nous avions découvert le Monopoly ! Et moi, la recette d’une glace au chocolat. Nous passions des soirées à vendre et acheter des maisons et des hôtels tout en dégustant, comme dans un vrai tripot, un lait avec trois boules de glace au chocolat !
Tout aurait été parfait sinon cette fatigue dont je n’arrivais pas à me débarrasser.
Enfin en Aout Yves est venu nous rejoindre. J’espérais me reposer un peu. Mais il n’en fut rien...car nos amis anglais ont débarqués comme prévu. Encore quatre personnes, pour quinze jours. A mon grand étonnement, la femme d’Allan Tennyson décida de l’emploi du temps pour tous les jours. Elle décréta que je garderais les quatre enfants et ferais les repas. Pendant qu’ils iraient visiter avec Yves la cote d’Azur et Dieu sait s’il y a des choses à voir !
Je n’avais pas envie de discuter...Je suis montée dans ma chambre sans un mot décidée de repartir à Paris si l’épouse anglaise ne rabaissait pas ses prétentions en m’attribuant toutes les corvées.
Yves les emmena tous à la mer pendant que je m’occupais du premier repas.
Avec mon sourire tartare et beaucoup de politesse nous avons établi des relations possibles.
Michèle Morgan son fils et son compagnon étaient installées à l’hôtel de Grimaud,
Heureusement malgré qu’Yves ai été très ami avec le compagnon de Michèle Morgan nous nous sommes tenues à l’écart par discrétion, juste un sourire ou un signe de la main.
Nous sommes allées à Monte Carlo et Monaco chez un camarade d’Yves de la même promotion au Conservatoire de Paris, qui était devenu un personnage d’une certaine importance à la radio de Monaco. J’avoue n’avoir pas bien compris son importance mais qu’importe puisqu’il l’était à ses yeux !
Quant à nos Anglais, pendant longtemps Yves a raconté comment je m’étais vengée de leur grossièreté.
Il faut dire qu’en Angleterre la maitresse de maison comptait tous les morceaux de sucre, le lait, le pain et le reste... S’il y avait des fruits ils étaient coupés en deux. Cela nous avait étonnés. Notre participation s’est faite spontanément au fameux thé de 17 heures avec brioches et gâteaux.
Ce n’est pas par vengeance mais par esprit de contradiction que je fis le contraire.
Ayant subi la faim pendant la guerre, j’avais table ouverte et jamais je n’ai calculé la nourriture de mes enfants ou de mes hôtes. Yves était gourmand, ce que je vous ai déjà dis, il n’avait pas d’autres défauts dans le genre : boire, fumer ou courir les filles ... La famille et les amis se moquaient gentiment de moi car je faisais tous les jours deux desserts. Nos repas étaient toujours très animés et copieux.
Pour en revenir à Grimaud j’ai décidé de faire le contraire de notre séjour londonien. Fruits à volonté, entrées à volonté, le tout à l’avenant. Je faisais des repas pantagruéliques.
Mes anglais en sont tombés malades de gloutonnerie ! Ils sont repartis quelques jours plus tôt que prévus. Pales et se tenant le ventre ...Voilà ce qu’Yves à longtemps appelé :
« La vengeance de ma femme. » !
Il nous restait une dizaine de jours en famille avant le retour à Paris.
Yves a conduit, il fit la route en deux étapes. J’ai retrouvé notre petit appartement en espérant me remettre des fatigues de ces vacances à Grimaud.
Nous avions un peu de temps avant la rentrée scolaire j’ai décidé d’emmener les enfants un par un visiter le Paris culturel. Vlad a choisi la prison de Marie Antoinette mais a refusé de faire un saut au Louvre.
Yann a préféré le zoo de Vincennes. J’avais troquée mes ballerines contre des chaussures à talon.
En sortant du Zoo je ne pouvais plus faire un pas...Yann alla chercher un taxi qui m’a soutenue jusqu’ à la voiture.
Ce fut la fin d’une certaine forme de vie...
à suivre.