Miroir, miroir, ne me dis pas que je suis belle,
Dis moi tout simplement que je suis encore là
Car lorsque mon reflet ne fera plus de zèle
C’est que j’aurai laissé toute vie derrière moi.
Miroir, mon miroir, est-ce que tu te rappelles
La fraîcheur de mes joues, le rose de mon teint
Qui aux fards mensongers alors ne devaient rien ?
Quand l’eau de ton regard me disait ‘’ demoiselle,
Va, le monde t’attend pour brûler tes vingt ans’’.
Miroir tu as vu mes yeux noyés de pleurs
Plus souvent qu’ils n’étaient rayonnant de bonheur.
Miroir tu as vu passer combien d’amants ?
Et puis il est venu, celui que j’attendais,
Oh ! Miroir, tu as vu mes yeux remplis d’été,
Mes yeux toujours riants dans la valse du temps
Qui nous tenait soudés, amoureux et confiants.
Oui mais il est parti, fauché par la Camarde,
En me laissant plantée sur le champ de la mort.
Miroir, mon miroir, as-tu vu sur mon corps
Les cendres de sa vie qui me servent de hardes ?
Miroir, miroir, ne me dis plus que je suis belle,
Dis moi tout simplement que je suis encore là
Car lorsque ton reflet ne fera plus de zèle
C’est que j’aurai sous terre pris ma place en ses bras.
L’iconoclaste