Papa est venu nous attendre à la sortie de l'école. J'ai neuf ans, mon frère presque 8 ans, ma soeur 5 ans. Il est heureux papa, il est même très souriant en ce jour. Il fait froid, il neige très fort.
- Il y a un chanteur à la maison,
- Un chanteur, ah... dépêchons-nous de rentrer
- Oui, oui pressons le pas
Personne ne se doute. Lorsque nous sommes arrivés à la maison. Il y avait des larmes dans les yeux de papa.
- Waouuu un bébé, voilà notre petit frère
- Il est à nous, Marie ?
- Oh oui, Brigitte, il est bien à nous
Il dort paisiblement. Je n'apprendrais que bien plus tard que maman a accouché à la maison. Il est très beau, un bon poids de 4 kg, et 53 cm. Il n'a que très peu de cheveux. Il s'appelle Pierre.
Nous ne possèdons pas de poste téléphonique, hé non surtout pas. Nous entendons souvent les parents dire, que le téléphone est destiné aux gens riches.
- Il faut aller chercher Papy, papa, il faut qu'il voit le bébé
- Nous allons y aller, Marie, mais seulement demain car nous devons surveiller maman et le petit Pierre.
- Oui, demain
Il faut faire silence, et pour tenir trois enfants en appartement, cela n'est pas facile. Il y a un martinet dont les lanières nous ont caressé les jambes très rarement, ce qui suffit à nous effrayer. Nous sommes en décembre 1963, le froid est pénètrant, la neige forme un épais tapis blanc dans la cour. L'on voudrait bien descendre pour faire un bonnhomme de neige, mais cela nous est interdit. Nous voilà attablés tous les trois devant une tasse de chocolat. Nous posons nombre de questions à papa : Comment est arrivé le bébé, quand va-t-il marcher, pourquoi il s'appelle Pierre. Papa semble parfois un peu embarrasé, et parfois il ne peut se retenir de rire avec nous. Il nous fait une soupe maison bien épaisse, du jambon et un dessert. La douche et hop ! tout le petit monde au lit.
Le lendemain à notre arrivée de l'école, quelle ne fut pas notre surprise de trouver Papy à la maison. Tu es heureux Papy, oh oui alors, tu n'as d'yeux que pour notre petit frère. Il est si beau.
- Tu es venu seul, voir le petit frère ?
- Ta grand-mère travaille et viendra après,
- Le bébé boit du lait Guigoz, Papy
- Comment le sais-tu ? Ma Marie
- j'ai lu sur la boite et compté les cuillières avec maman
- C'est bien, ma Marie, tu vas aider un peu
- Je range déjà ma chambre, tu sais Papy
- Oui, c'est bien, car ta maman, aura du travail avec quatre
enfants,
- Papa, à dit qu'il allait l'aider, j'ai entendu
On sonne à la porte, c'est Mélanie, ma grand-mère. Elle est bien habillée, on ne dirait jamais qu'elle fait partie de notre famille. Elle porte des chapeaux, Mélanie, c'est ce qui donne un coup de pouce à son élégance. Elle n'a pas souvent le sourire, son visage est dur. Elle se penche sur le lit et regarde longuement le petit Pierre. "Il est mignon", ne seront les uniques mots qui sortiront de sa bouche, ce jour là.