Quand mon ombre s’allonge et précède mes pas,
Il est temps de ranger mon jour et mon compas,
Car, à l’ouest, le soleil va s’éteindre dans l’onde,
Pour renaître, à nouveau, à l’autre bout du monde.
Je mets tous mes labeurs dans ma malle de nuit,
Qui me sert de refuge, au fond de mon réduit,
Je m’allonge, un instant, tout fier de ma jeunesse,
Et mes rêves sont pleins de sève et de hardiesse,
L’avenir est à moi, le monde entre mes mains,
Je m’avance, sans peur, vers de beaux lendemains,
J’entrevois des amours, des succès, des richesses,
Je goûte les délices de ces belles promesses,
La lune veille sur mon paisible sommeil,
Jusqu’au lever du jour, quand à l’est, le soleil,
Revient me réveiller, éparpillant mes rêves,
Que j’avais tant chéris, pendant ces heures brêves.
Je regarde, ahuri, les traits de ce vieillard,
Reflétés dans la glace, entourés de brouillard,
Je ne reconnais pas celui qui me regarde,
Ce visage tiré, cette mine blafarde ;
Hier encor, j’étais jeune, en me mettant au lit ;
Comment, dans mon sommeil, en une seule nuit,
Puis-je avoir traversé toute une vie entière,
En poursuivant cette ombre, au bord du cimetière ?
Hélas ! le temps s’écoule, il emporte les ans,
Il nous transforme, tous, d’enfants en vétérans,
L’image que soudain, notre glace, reflète,
Est celle d’un parcours, couru à l’aveuglette.
Quand il pointe vers l’est, le compas nous promet,
Un trajet vers le nord, pour tenter le sommet,
Il nous permet ainsi, de vivre notre songe,
Qui nous mène vers l’ouest, quand notre ombre s’allonge.
Christian Cally
Septembre 2002
Copyright C. Cally 2004