Cyrano de Bergerac
Tout fier, le pif au vent, assis chez Raguenaud,
Un homme composait, en chatouillant la muse
De son nez, oh ! pardon ……oh ! pardon, je m’éxcuse,
De son illustre nez. C’était bien Cyrano.
Cyrano Savinien, enfant de Bergerac
Issu du Périgord, des flots de la Dordogne,
Belliqueux, plein de fougue, à l’Hôtel de Bourgogne,
Il était passé maître et dieu du tic-au-tac.
Loyal, honnète, franc et toujours sans louis,
Fanfaron tant soit peu, comme un gascon doit l’être,
S’enivrant de bravade à l’odeur du salpêtre,
Il tirait son fleuret, pour des nons , pour des ouis.
Sur les champs de carnage, il était un lion,
Tout recouvert de sang, à l’assaut des murailles,
Stimulant ses cadets, il bravait les mitrailles,
Mais pensant à Roxane, il devenait mouton.
Que de fois, une larme, en sillonnant son pif,
Séchait avant d’atteindre une seule virgule
D’une page traitant de lune ou canicule ;
Il regardait ce nez d’un oeil vindicatif.
Cette larme effleurait cette puissante horreur,
Et venait se tarir au milieu de sa course,
Il aurait tant voulu l’arrêter à sa source.
Ah ! c’est trop, disait-il avec un ton d’aigreur.
Dessiné sur le mur, il voyait son profil,
Qu’il disait que c’était un perchoir d’hirondelles,
Pour fuir à ce spéctacle, il soufflait les chandelles,
De son visage moite, il cachait ce nez vil.
Son feutre de travers, il se levait disant,
Mû par un saint courroux : » Des beaux traits de ton maître,
Tu détruis l’harmonie, ah ! rougis donc oh ! traître,
Non, non ne rougis pas, tu deviens repoussant. »
Christian Cally
1980-2001
Copyright C. Cally 2004