Dernier voyage

Il pleut sur le coteau, à flanc de mes tristesses.
Moi, je marche vers toi, très léger pèlerin
Cheminant sur le soir, l’âme emplie de promesses
Et cherchant du regard l’ombre nue de ton sein.

Ici, partout autour, la nature en goguette
A fleuri ses balcons jusqu’en haut de l’ubac.
Le rapide impétueux danse un air de guinguette
Entraînant, chaloupés, les rondins et le bac.

Emporté par ce flot, ballotté dans l’écume,
Entends venir à toi ma vague rugissante !
Elle roule et se tord pour se fondre à ta brume
Et mourir à tes pieds d’une onde caressante.

C’est la fin du voyage, avalé par ton sang
J’en deviens le ruisseau parcourant ta blessure
Et je coule, joyeux, jusqu’au fond de l’étang
Où tu viens chaque soir égrener ton murmure.

Rodes