Ecrit en psychiatrie après avoir tenté de mettre fin à mes jours. Ce texte est mon témoignage et j'ai voulu le conserver tel quel pour mieux faire apparaître les incohérences d'un esprit torturé. Rassurez-vous, tout va mieux, tout va bien... (Paisansage)
Le poids mort du vide
Bien que le suicide soit souvent considéré comme un acte de lâcheté, ne devrions-nous pas désavouer cette vérité littéraire quand celui-ci s’accomplit dans un paysage de déprime ou dans un désert d’oubli et d’abandon ! Le vide de la solitude s’installe en déréliction pour devenir hallucinogène et déforme la lucidité de la moindre réflexion. Les tempêtes dépressives détruisent les idées réfléchies et sèment l’attention dans le vent de l’inconscience. Alors, dans le ciel noir des visions floues, des mirages chatoyant de perfidie viennent griser l’esprit éthéré qui se perd, parfois sans retour, dans l’ensorcellement d’un marasme devenu séduisant.
Quoi de plus lourd que le vide dans une solitude qui nous pèse ? Si l’amour perdu peut vous écraser sous une chape de plomb amalgamée de peines et de pleurs, il peut aussi vous faire perdre la raison. Quand vous vous noyez dans un torrent de larmes, les idées pernicieuses viennent souvent vous faire la cour, vous charmer, vous séduire pour que vous embrassiez leurs désirs qui vous amènent au dernier soupir. Posé sur le fil du rasoir, l’équilibre devient fragile et le moindre souffle d’abandon peut vous basculer dans les ténèbres des griffures du temps. Le remède serait de penser positivement et de croire que chaque mot a besoin de son contraire pour créer un équilibre de vie dans un dialogue de partage. Ainsi pour vivre le bien a besoin du mal, le vrai a besoin du faux et Dieu a besoin du Diable pour se faire remarquer et guider nos pas sur le chemin de la félicité.
Si Dieu est en chacun de nous, peut-il être à l’écoute de nos malheurs quand nous nous exprimons avec inconscience ? Quelle réponse ou solution à un message incohérent, à un esprit torturé ? Les forces spirituelles qui s’affrontent sur un champ de déshonneur sont-elles d’égales valeurs ? Dialogue je disais ! Avec qui ? Qui se retourne encore sur le sort des autres ? Dans une société de non partage, on reconnaît sa réussite par rapport aux faillites des autres. Pourtant pour casser la solitude des humbles, de nos égaux en droits, il faudra bien un jour tendre l’oreille et la main. Ne manquons-nous pas, nous aussi de courage et de vigueur morale quand nous fuyons un acte d'entraide ? Une société intelligente ne peut grandir dans la marginalité de la maudite engeance ni dans les bandes hostiles au respect de l'égalité des droits. Alors lorsque nous nous voilons la face face au désarroi d'une âme en détresse, à l'éviction, à la misère d'un être en perdition, sommes-nous réellement en paix avec notre conscience ? Qui ferme les yeux pour devenir lâche ? Le dépressif ou « l’autre » qui le regarde sans sourciller ? N'y aurait-il pas là un refus d'aide à personne en danger ? Une incitation à l'acte fatal ?
A tout instant la tristesse peut frapper à votre porte mais sachez que son contraire n’est jamais bien loin pour essuyer vos larmes et sécher vos pleurs. N’oubliez jamais que les distances vous sembleront toujours courtes quand un proche vous attend au loin. Pensez que le mal est une tare qui pèse sur la balance de l’existence, mais ne fera jamais le poids face à la générosité d’un cœur qui vaut son pesant d’or. Il est nécessaire de se sentir et de se savoir aimé. Dans ces moments de désarroi, soyez aussi à l'écoute de votre voisin et combattez ensemble l'isolement et la solitude. N'est-ce pas dans la difficulté que la grandeur et l'efficacité des hommes se dévoilent ? Pour exister l’homme doit communiquer et abandonné, loin de ses proches ou de l’amour de son prochain, il n’est rien de moins qu’un mort ambulant dans un désert de vie. Pensez-y.
Paisansage
Lumière céleste
Basculant dans le gouffre aux pensées pernicieuses
Dans la boue des bas-fonds, je patauge et me meurs
De mon spectre éthéré comme une nébuleuse
Mon esprit s'évapore en un ciel de noirceur.
Les perles carminées des veines tailladées
Roulent en bracelets sur poignets incarnats
Rubis de sang figé, cadeau d'éternité
Pour Madame la Mort qui me prend dans ses bras.
Douce est la caresse des rayons de lumière
Qui éclairent mon âme au sortir de mon corps
Pure blancheur de paix qui ouvre sa barrière
Pour l'empyrée d'extase où l'amour n'est pas mort.
Paisansage