Si j'étais.

Si j'étais.

si j'étais un oisillon je pépierais, tu me nourrirais
si j'étais une plume, je te chatouillerais en dormant,
et tu sourierais
si j'étais un oreiller, je te caresserais la tête
si j'étais une couette, je serais le témoin de nos galipettes
si j'étais la fête tu serais ma vendange tardive
si j'étais l'assiette, tu serais le doigt qui ne laisserait pas une miette
si j'étais une goutte, je me trouverais au faîte de ta langue
si j'étais ta langue, tu serais en moi,
si tu étais en moi, je pépierais de joie,
et si soudain j'étais toi, et toi moi,
dans cette étonnante fusion de nous
au fond d'un verre où l'orgeat à l'eau se mêle
au fond d'un oeuf où le pain fait la mouillette
au fond d'une poche où tes doigts cherchent un mouchoir
au fond du lit où nos corps se fondent
au fond de moi où mon rouge et ton pinceau s'agitent
au fond nous avons l'art de faire durer notre musique,
nous nous y attachons chaque jour,
et c'est là notre fondement,
un ballet de plumes loin du dormant.

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