Comme ce printemps sentait bon ,
Des jours de joie transportaient nos esprits
Vers un nouveau pays,
Un lieu qui n’appartenait qu’à nous,
Un indicible paradis…
Puis les saisons nous ont menti,
Elles faisaient semblant de ne plus exister,
D’être ces mornes jours d’avant,
D’avant ce merveilleux printemps…
Combien d’étés de feux, d’hivers sombres,
D’automnes sans couleur,
De printemps pastels délavés…
Combien de ces années suspendues,
Glissant sur des cordes raides,
Si proches de ces noirs précipices,
Des années vides et sans délice…
Des mots couraient dans l’air,
S’accrochaient aux nuages gris,
Donnaient à nos vies une étrange espérance,
Malgré l’immense silence,
Des mots s’écrivaient sur notre absence…
Nos âmes se rencontraient encore,
Quelque part, loin de tout décor,
Dans cet autre lieu, l’indicible paradis,
Là où l’amour se fait si fort…
Les eaux du fleuve coulaient
Sur le sable éternel,
Dans ses méandres inexplorées,
Les jours et les nuits se décomposaient
Abandonnant leurs sédiments
Bien au fond du grand fleuve,
Bien à l’abri de tout regard,
Des sentiments doux que rien ne pouvait noyer…
Se perdre dans les forêts,
S’enfuir sur des rayons de lune,
Dessiner sur le ciel nos rêves gâchés,
Respirer , respirer, malgré cet air vicié,
Les saisons qu’on ne pouvait retenir
Criaient une absolue vérité :
Elles ne font que passer,
Forgeant au fond de nous
Une incroyable saveur
Qui emplit nos cœurs éloignés…
Comme ce printemps sentait bon
Et nous semblait déjà si loin,
Mais il n’était qu’hier
Et demain,
Éternel présent changeant,
Aujourd’hui magnifique
Qui se pose enfin sur nos yeux grand ouverts…