Le soleil aigri

Le soleil aigri

Honteux et rubescent j’embrase à l’horizon
Une mer de poison nappée d’hydrocarbure
Flottant comme une merde après défécation
Sur l’eau d’une cuvette aux relents de chiure.

Les crasseux chimiquiers tirent des chasses d’huile
Engluant les oiseaux d’un liquide poisseux
Étouffant les poissons dans un sordide asile
Dans une onde souillée de mazout pernicieux.

Bretagne mon amour réveille tes légendes
Appelle de tes voeux le bag nez et l’ankou
Pour chasser du grand bleu la gangrène aux calendes
Et draper d’un linceul nos infâmes dégoûts

Branwen, Vénus des mers, supprime ces galettes
Noires et goudronnées salissant nos trésors
"An aod hag ar mor" et nos marins honnêtes
Qui pleurent sur les quais en regardant l'Arvor.

Paisansage


Quelques définitions :

- Bag nez: Bateau de nuit dans les régions du littoral. Il a pour capitaine l’ankou de la mer.

- Ankou : La mort. Serviteur de la mort.

- Branwen : sœur de Bran et épouse du roi irlandais Matholwchh. Vénus des mers du Nord, fille de Llyr (dieu de la mer), une des trois matriarca de Bretagne avec Arianrhod, la dame du Lac, et Rhiannon. Déesse de l'amour et de la beauté, le corbeau blanc.

- An aod hag ar mor: La côte et la mer.

- Arvor : le littoral

Bonsoir,
Merci beaucoup pour ce poème qui devrait nous toucher tous...
Bonne soirée amicalement
Natacha.

Triste temps noir et gris, les ombres de nos mains s'étendent sur le monde. Terre, ciel, mer, paysages couverts de nos vomissures plongent nos esprits vers un enfer prochain. D'où viendra notre salut ? De tes mots, sans doute, quelques gouttes de conscience sur le vaste océan de l'infâmie... Ecrire, décrire, dénoncer encore, montrer notre décadence jusqu'à ce que la mort nous emporte, ne pas baisser les bras, tes doigts sur le clavier, infimes particules de lucidité dans cette immense poubelle de l'internet. Puisse ton poème éveiller au plus profond de nous ce coeur nécrosé qui veut battre encore. Bravo pour ce texte. (et merci pour cette petite leçon de langue bretonne.) Amitiés.

merci Bernard,
Le mal est une tare qui pèse sur la balance de l'existence mais ne fera jamais le poids face à la générosité d'un cœur qui vaut son pesant d'or. Alors, n'ayez pas peur de brandir les banderoles de l'injustice, claquant dans le vent messager, les mots qui décrivent et dénoncent les maux des puissances infernales. Il y va de notre éthique car les jalons que nous alignons sur la route de la vie représentent la mémoire du temps. Ils guideront nos enfants à se repérer dans l’héritage culturel que nous leur confions. J’ai confiance en l’avenir car si un point d’ébullition peut devenir point de fusion, un point de nœud peut se transformer en point de dentelle. Enfin je crois...

Merci Natacha.

paisansage

Tu as raison, mille fois raison, si nos mots peuvent apporter l'espoir, s'ils peuvent ouvrir des portes à la générosité, au bonheur... Un sourire peut transformer une vie.
En tous les cas merci de ton passage et des mots que tu as laissés.
Bonne soirée à bientôt
Natacha.