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 Gilbert mène l'enquête(3)

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Rodes

Rodes


Nombre de messages : 1153
Date d'inscription : 06/07/2006

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MessageSujet: Gilbert mène l'enquête(3)   Gilbert mène l'enquête(3) Icon_minitimeMer 21 Fév - 22:54

Où allais-je orienter mes recherches ?
Pour souffler un peu, je décidai de finir le tricot en kit que j’avais commencé, deux ans auparavant. Je sais, je me suis fait avoir, ils avaient le même tout fait à Mammouth. Enfin, il n’y a que ça qui me détend.
Au moment d’attaquer la manche droite, je pris conscience que j’étais dans une impasse. J’aurais pas aimé qu’une bande de délinquants juvéniles me tombe sur la couenne. Mais puisque le créateur m’avait donné un cerveau, je décidai de le débrider. Habituellement, pour me chauffer les neurones, je faisais des mots croisés force trois. J’avais même failli participer à un concours, il y a dix ans, mais ils m’avaient coincé au contrôle anti doping.

- Bon dieu, mais c’est bien sûr ! Pensai-je brusquement.

Puisque feue madame Nichenfleur s’occupait d’enlèvements, il me suffisait d’enquêter sur les rapts récemment répertoriés. Oui, je sais... je m’étonne moi-même ! Mais comment moi, simple boucher, je pourrais accéder à des informations classées « top-secret » ?

- Au fait, j’y pense ! Y’ a Gédéon ! Me dis-je.

Oui, Gédéon, un ami de trente ans. Nous étions en classe ensemble, à l’école primaire. Pendant que je paluchais Janine, la fille du maire, lui, il étudiait la répercussion des pets de pucerons sur la couche d’ozone, une vraie tronche ! A présent, il était tête pensante à l’usine de poulets. Il avait inventé une machine qui comptait les plumes. Tu mettais la poule dans son truc et hop, ça te disait combien elle avait de plumes. Balaise ! Inutile mais, balaise ! Enfin ! Le patron de l’usine l’avait à la bonne, il n’avait pas pu avoir de fils, alors …

Bref, la situation se débloquait. Je commençais à me prendre au jeu et Colombo pourrait se mettre au modélisme ou visiter l’Acropole dans un car de Japonais hilares. Ah ! Sacré Gédéon ! A l’époque, il était enfant de chœur à l’église du coin. Ce con, il avait appris la Bible par cœur, il en savait plus que le curé. Un sacré blaireau, ce curé ! Un jour, il m’avait foutu une baffe parce que je lui demandais comment une vierge avait pu avoir un môme. Ouais, c’était quand même la bonne époque !

- Allez ! Je me décide, j’appelle Gédéon ! C’est quoi son nom déjà ? Un truc en « o »… Lesgrelots ! Ah, c’est bon quand la cervelle elle tourne comme ça, une vraie Rolls !

Je pensai qu’à cette heure de la journée, le bon Gédéon devait marner à l’usine. Je composai donc le numéro et tombai sur une starlette frustrée qui ne pouvait à la fois articuler et pomper la sève du contremaître. Je décidai donc de me rendre à la fabrique. Ah ! C’est sûr, cette bâtisse ne figurait pas sur les guides touristiques. Un amas de tôles rouillées surplombait un des plus grands terrains vagues de la planète. Non loin de là, des gitans avaient installé leur campement, la légende des « voleurs de poules » prenait tout son sens.

J’arrivai au portail. On se serait cru à la Prison de la Santé aux heures creuses. Un vigile qui devait bien peser autant qu’une famille de phacochères rassasiés s’approcha de moi. Un chien baveux l’accompagnait. On se sent très seul chez les vigiles alors, on cherche un compagnon de jeu ! Je m’apprêtai à poser ma question en langage des signes quand il me dit :

- Bonjour, cher monsieur puis-je me rendre utile et satisfaire votre requête ?

Le con, il m’a cloué ! Comme quoi, les apparences !
Le gorille m’accompagna jusqu’au bureau d’étude. Je m’attardai un peu en chemin. C’est vrai ! Je bouffais du poulet mais ne m’étais jamais demandé comment on le fabriquait. C’est simple ! On prend une famille de poulets… ouais, ils sont moins stressés quand ils sont en famille ! On les met sur un tapis roulant et ils disparaissent sous des flasques en caoutchouc. Ils ressortent dix mètres plus loin dans des barquettes en polystyrène. Emballez, c’est pesé ! C’est quand même grand la technique !

Finalement, j’arrivai au bureau d’étude. Je me sentis un peu niais, au milieu de tous ces « cerveaux ». Ils portaient tous des blouses blanches et leurs noms étaient épinglés sur la poche, des genres de pin’s, quoi ! Même les noms je ne les comprenais pas, des trucs en « ski », en « ein », en « der », bref, ça fleurait le travail clandestin.

Le vigile m’indiqua le bureau de Gédéon puis me quitta, non sans avoir exécuté une révérence que Louis XVI n’aurait pas reniée, du fond de son panier à têtes. Malgré une carrure de rugbyman accompli, je suis quelqu’un de très sensible et il n’est pas rare que je verse une larme en écoutant Drucker parler des milliardaires anorexiques. Ainsi, je ne pouvais contenir mon émotion ; j’allais revoir mon poteau, Gédéon le magnifique ! J’ajustai mon jean, recoiffai ma houppette… non, Tintin, c’est pas moi, puis frappai à la porte.

- Entrez !
J’entrai.
Gédéon me tournait le dos, il semblait très concentré sur sa tâche.

- Salut, Gédéon ! Tu me reconnais ?

Il fit tourner sa chaise à roulettes dans un geste non dénué d’élégance puis me regarda, dubitatif. Allait-il me remettre ? Non ! Me remettre ça veut pas dire ça ! Vous avez quand même l’esprit mal tourné ! Pauvre Gédéon ! Il ne s’était pas arrangé ! Déjà, à l’époque, on l’aurait fourré dans un sac à patates et jeté à la baille, il aurait trouvé moyen de faire crever les goujons. Je n’osais pas m’approcher de lui, il était peut-être contagieux ! Mais, la force de l’amitié n’étant plus à démontrer, je décidai de lui tendre la main. Il se leva et fit de même, enfin, si on peut dire ! Je ne suis pas spécialiste en anatomie mais j’ignorais s’il me tendait une main ou un fœtus de calamar. C’est ça, les intellos, tout dans le cervelas !

- Alors, mon vieux ! Ca te revient ? Lui dis-je.

Je ne croyais pas si bien dire car lorsqu’il ouvrit la bouche pour répondre, je compris qu’il avait bouffé une pizza aux anchois et deux tartes à la mangue.

- Bon, parlons peu, parlons bien ! Ajoutai-je sans tarder.

Je le pris par l’épaule, comme on saisit un nouveau-né, après tout, il pouvait encore servir !

- Voilà ! Commençai-je,
- Je viens te demander un coup de main ! Il me faudrait des renseignements confidentiels sur les enlèvements de ces derniers mois. Tu pourrais m’aider ?
- Ouh ! Alors là, je ne sais pas ! C’est illégal !

Le grand mot était lâché, «illégal», lui que la nature avait fait payer pour les autres, il trouvait ça illégal. Je dus, une fois de plus, mettre en marche ma turbine cérébrale.

- Voyons ! Pensai-je.
- Il a bien une faiblesse ce résidu de vide-ordures ! Et si je lui offrais une pouffe ! Il y avait dans la région une honorable maison où de jeunes femmes s’adonnaient à l’expérimentation animale sur les autochtones.
Je connaissais bien Frida, la maîtresse des lieux, une bourguignonne renégate qui avait dû fuir son terroir après le meurtre d’un député. Elle maîtrisait parfaitement la flagellation assistée, la fessée eucharistique et les bains de siège à la cire chaude. Et puis, ce brave Gédéon avait bien une tête à se faire écraser le pif sous des escarpins. Je me décidai à aborder le sujet.

- Dis-moi, mon Gédé ! Ca te plairait de faire une petite virée avec moi, ce soir ?
- Je suis désolé, j’ai encore du travail ! Une autre fois peut-être !
Alors là, je n’y croyais pas. Non content d’être « nominable » aux Oscars des erreurs de la nature, il allait rater l’occasion de se faire langer par les plus belles nanas du comté. Je devais à tout prix le convaincre.

- Ecoute, mon vieux, tu ne peux pas refuser ! J’ai déjà réservé une table pour deux au Sanglier Lubrique, tu ne voudrais pas me vexer ?
Je me plaçais devant lui. Sa tête arrivait péniblement à hauteur de mon buste. L’argument fut convaincant puisqu’il finit par céder.

- Allez ! Lui dis-je.
- Je passe te prendre ici à dix huit heures, ok ?
- D’accord, mais je dois être de retour à minuit au plus tard, il faut que je change les couches de Maman !

Je m’empressai de regagner le parking et jetai un dernier coup d’oeil au vigile aristo. Curieux personnage ! Il fallait à présent téléphoner au plus vite à Rufus, le patron du Sanglier Lubrique.

A suivre...
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Scribouille




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MessageSujet: Re: Gilbert mène l'enquête(3)   Gilbert mène l'enquête(3) Icon_minitimeVen 2 Mar - 0:34

C'est excellent Jérôme !
Je lirai la suite dans la journée...

lol!
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Rodes

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MessageSujet: Re: Gilbert mène l'enquête(3)   Gilbert mène l'enquête(3) Icon_minitimeVen 2 Mar - 0:39

Bonjour Domie...

Citation :
C'est excellent Jérôme !

Je me suis bien amusé à écrire cette farce. Smile

A plus !

Jérôme
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MessageSujet: Re: Gilbert mène l'enquête(3)   Gilbert mène l'enquête(3) Icon_minitime

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