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 Peintre et comédien. Chapitre 26

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Natacha Péneau

Natacha Péneau


Nombre de messages : 1684
Date d'inscription : 26/09/2005

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MessageSujet: Peintre et comédien. Chapitre 26   Peintre et comédien. Chapitre 26 Icon_minitimeMar 23 Oct - 0:33

Peintre et comédien.

Yann allait de mieux en mieux, sauf s’il ne prenait pas ses médicaments, une nouvelle crise survenait.
« Vous verrez, m’a dit un de ses psychiatre, avec l’âge il prendra l’habitude d’avaler ses médicaments sans complexe. » Aujourd’hui je peux dire qu’il avait raison.
Mais à l’époque il fallait faire face aux crises, colmater les brèches.
J’exposais de plus en plus. Dans la région, puis d’autres galeries en France commencèrent à me demander des tableaux. Je les emballais dans des caisses pour les envoyer par la SERNAM, Yann m’aidait beaucoup en transportant ces caisses extrêmement lourdes. Seule je n’aurai jamais eu la force de me déplacer un peu par tout en trimballant des pastels encadrés sous verres spécialement lourds, ainsi que les autres tableaux.

Arriva le moment où Yann désira voler de ses propres ailes et vivre dans sa maison. Nous lui avons proposé de faire un essai de location, si son désir persistait nous verrions à lui acheter une maison à crédit.
Mon fils, cet homme-enfant avait soif d’indépendance c’était un bon signe. Yves a été à la hauteur en payant les premières traites de la maison et des travaux les plus onéreux comme la salle de bain, la fausse septique, la cuisine, le chauffage central également.
J’étais heureuse de voir mon poussin devenir grand ! Cela avait un prix j’ai du revenir vivre à Paris six mois sur douze... J’avais l’impression que je pouvais laisser Yann. Même que je devais le laisser construire sa vie en dehors de moi.
Il venait passer les fêtes de Noël à Paris avec toute la famille qui se réunissait chez nous.

*****************

J’étais à la campagne quand j’entendis le téléphone sonner.
« Maman ! » C’était toujours un appel clair, impératif et possessif...il me suffit de fermer les yeux pour l’entendre à nouveau.
« Oui, ma petite fille » j’étais là toute à elle.
« Nous pouvons venir à Boisne ? »
« Oui, bien sur ...Qui nous ? et quand ? »
« Christian, ma fille et moi. Je veux te présenter l’homme de ma vie. Le vrai...On prend la voiture et on arrive ce soir. »
« Je vous attends. »
A une heure du matin ne les voyant pas venir j’ai fini par me coucher.
Le téléphone sonna.
« Maman.... (une petite voix timide,) je sais il est trois heures du matin mais nous nous sommes perdues et je ne trouve pas Boisne ! »
« Où êtes-vous ? »
« Champdeniers. »
« Je serai là dans dix minutes » J’enfile ma robe de chambre sur ma chemise de nuit je sors la voiture et roule sur des routes désertes environ sept kilomètres. Je fais demi-tour sur une place
En regardant autour de moi. Ma fille surgit comme un bouchon de champagne et se précipite vers moi pendant qu’un grand garçon blond avance timidement derrière elle. C’est comme cela que je fis la connaissance de mon gendre : en pleine nuit, en robe de chambre, sous la lune dans une place déserte des Deux Sèvres.

*****************

Ma peinture commença à me rapporter un peu d’argent, j’ai pu acheter à Yann une 4L d’occasion pour le prix d’un portrait. Yann se passionnait pour les ânes,
Je lui ai acheté un terrain et un petit bois. Toujours avec mes tableaux. Un jour j’ai reçu une invitation à exposer au Grand Palais à Paris sous l’égide : « des peintres français ».
L’année d’après c’est l’école des Beaux Arts qui m’invitait à exposer au Grand Palais cela dura une bonne dizaine d’années. J’ai exposée également à la Main d’Or à Paris.
Avec un ami sculpteur nous avons loué une galerie au quartier latin. Pour le mois de novembre qui est un bon mois pour les arts plastiques.
Tous frais payés j’ai gagné une « brique » Je n’avais jamais eu autant d’argent devant moi.
Certaines de mes toiles ont été exposées en Amérique, d’autres au Japon et en Espagne.
Celle dont je suis le plus fière, est celle qui fut vendue aux enchères pour l’aide au tiers monde. Je reçu une lettre de remerciement pour avoir participé à l’installation d’un puits dans un village africain.
Je n’avais plus rien à prouver à personne sinon à moi-même...
Yves venait à mes vernissages il savait bien mieux que moi recevoir les invités.

************

Les années couraient les unes derrières les autres. Ma vie était remplie... Yves travaillait beaucoup, « La septième compagnie. » au cinéma avec Lamoureux, « Trotski. » avec Resnais...Un télé film avec Pierre Frenay.
Yves nous a raconté comment Pierre Frenay et l’actrice principale devaient entrer dans le salon et s’asseoir en dialoguant à une table .L’un et l’autre voulait être vues au maximum à l’image .Cette entrée finissait par être une véritable course, le metteur en scène recommençait la scène mais n’osait pas faire de réflexion à ces « Têtes d’affiche. » Les techniciens ont fini par avoir le fou rire et Frenay en acteur chevronné marqua les pas à la craie. La scène pu finalement être tournée.
Yves jouait au théâtre au moins une pièce par an. Je continuais à peindre dans une chambre aménagée en atelier.
A Paris je pouvais voir mes deux grands enfants.
Ma fille accoucha d’une adorable petite fille qui souda son couple avec Christian encore plus.
Yves me proposa d’aller en Russie. J’avais retrouvé les amies de mon adolescence qui étaient parties en Russie après la guerre.
J’étais ravie, Yves organisa un voyage en camping par France-URSS en voyage individuel... Oh qu’ils n’aiment pas ça... « Les voyages individuels » que de démarches en plus et de papiers à fournir. Que d’autorisations à demander, notre itinéraire était tracé à l’heure près, nous n’avions pas le droit de nous arrêter ailleurs que dans les villes qui étaient destinées aux touristes étrangers.
Nous sommes partis avec notre 4L rouge bourrées de cadeaux pour mes amies ; étant en camping nous avons emporté de la nourriture qui était introuvable là bas le tout pouvant passer pour nos besoins personnels.
Sept jours de bateau avec escales et visites des villes où nous nous sommes arrêtées.
Une nuit de tempête (j’adore les éléments déchainés) après laquelle je me suis retrouvée seule dans la salle à manger. A midi les passagers revenaient petit à petit. Yves gémissait toujours sur sa couchette.
Le soir tout le monde était revenu en riant de la mésaventure de leur mal de mer. Je décidais d’aller chercher Yves. J’ai du le ramener de force. Voyant nos compagnons de voyage en forme il décida de le redevenir.
Arrivée à Leningrad mon ami d’enfance était là avec une adorable vieille dame : Lisa que mon Oncle avait invitée chez lui à Paris plusieurs fois et dont j’avais déjà fait la connaissance...
Nous avions droit à trois jours pleins à Leningrad. Lisa nous a tous accueilli chez elle.
Avant nous sommes passés par la douane. Le douanier s’est beaucoup intéressé à mon journal de mots croisés, ayant tourné le journal dans tous les sens il fini par appeler son chef pour vérifier mes dires. Pendant ce temps nos valises pleines d’interdits passaient tranquillement la douane.
Nos amis nous attendaient derrière la barrière. Nous devions impérativement aller au camping signaler notre présence. Le bureau nous confisquait nos passeports que nous pouvions reprendre en quittant la ville.
Nous étions hébergées par Lisa, cette institutrice de langue française ayant fait 14 ans de goulag et perdue son mari dans un autre goulag, elle n'avait plus rien à perdre !
Je crois que nous avons passé nos premiers jours et nos nuits à parler de toutes leurs déceptions ! Leurs épreuves, de ceux qu’ils ont perdus, des trahisons, des dénonciations ! L'horreur... en un mot.
De Leningrad nous sommes partis à Moscou
Ma déception fut grande devant la sainte Russie ! Un siècle de retard, Staline avait envoyé au goulag toutes les têtes pensantes... la peur de l'étranger et la terreur régnaient en maitre sur les autres citoyens.
Nous avions organisé notre voyage sous forme de camping. Nous avons fait une étape à Novgorod ou nous avons réellement dormi dans un camping. Personne n’osa nous parler devant témoin... Si par hasard nous nous trouvions seul ils nous posaient des questions, puis faisaient semblant de ne pas nous connaître devant une tiers personne, cette méfiance, cette peur, cette fausse indifférence et ces regards fuyants nous étaient plus que pénible.
Tout était vérifié nos heures d'arrivée de départ nos passages sur la route avec contrôle des papiers comme à la douane, militaires en arme un peu partout
A Moscou inscription bidon au camping où nous avons déposé nos passeports nous avions droit à 11 jours que nous avons passés chez mes amis d'enfance ...
En vivant avec eux nous avons appris beaucoup de choses sur la vie quotidienne d’un soviétique privilégié.
Ils nous ont fait visiter l’endroit et l’envers du décor.
Je ne vous en dirai pas d’avantage car tout à été dit depuis la chute du mur de Berlin.
Au retour toujours en 4L un incident se produisit sur la route de Smolensk. Des kilomètres de forêts, nous nous sommes arrêtés dans une clairière à 25 mètres à peine de la route pour déjeuner tranquillement avec les quelques provisions que nos amis nous avaient préparés.
Quand tout à coup des policiers sont arrivés faisant un bruit d’enfer avec leur moto, probablement ils voulaient nous faire peur ?
« Qui vous a donné le droit de vous arrêter ? Vos papiers. » Yves prenait son air de professeur et surtout de celui qui ne parle pas russe, quant à moi je jouais la naïveté ce qui m’allait parfaitement.
Après vérification de nos papiers les policiers nous intimèrent l’ordre de partir.
Nous avons continué notre chemin tout tracé : Smolensk, Minsk, Brest Litovsk.
En Pologne arrêt à Varsovie les gens y sont beaucoup plus civilisés que les russes moins craintifs en étant tout aussi pauvres qu’en Russie. Ils étaient fiers et courageux. Nous avons assistés à une procession à la Vierge le quinze aout, les fidèles suivaient le prêtre sans aucune crainte apparente.
Une nuit à Poznań, suivie par la traversée de l’Allemagne de l’Est.
Quand enfin nous sommes arrivés à l'Ouest j'ai hurlée ma joie, en prenant un vrai café et jurant que plus jamais je ne remettrai les pieds en Russie.
J'y suis retournée pourtant avec mon mari et ma fille en 1984 en voyage individuel avec notre voiture.
Puis j'ai été chez mon frère en Sibérie en 1989 juste avant l’écroulement du communisme. Où j’ai passé un bon mois en famille.
Mon dernier voyage fut une croisière avec mon fils Yann en 2007...

à suivre.
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